mercredi 12 septembre 2007

Accueillante

J'accueille les gens qui poussent la porte du Centre, pour un rendez-vous chez un médecin ou un autre intervenant. Je prends aussi le téléphone.

Mais fondamentalement, je veille sur la salle d'attente. Sur le fait que l'attente soit récompensée en temps voulue par une consultation, et sur le microcosme de l'attente lui-même. Je propose le journal ou du café, je me renseigne sur l'état des uns et des autres, je discute de tout et de rien. Parfois je dois rappeler certains à l'ordre, faire respecter les règles qui sont ici plus qu'ailleurs indispensables pour que ce lieu soit vivable, pour qu'il se situe au-dessus de la rue et de son climat souvent rude.


J'accueille toutes sortes de récits, de plaintes, de réflexions. Je crois que c'est cela que je ressens comme reposant, ici j'accueille, je ne cherche pas. Un tel me raconte sa rupture récente et affirme ne jamais pouvoir comprendre les femmes. Tel autre qui a grandi dans le quartier trouve, toxicomane lui-même, que le quartier ne compte plus que des toxicomanes et des étrangers. Puis il y a celle qui a le ventre encore gonflé du bébé qu'elle vient de perdre. Ou celui qui me montre ses bras scarifiés alors que je mords dans mon sandwich. Je comprends aujourd'hui que la toxicomanie n'est rien d'autre qu'une souffrance accrue de la vie.

Et pourtant, je vais arrêter d'être accueillante, je l'ai décidé, finalement. C'est une responsabilité en moins et du temps en plus. Pour la thèse.

Pas facile de l'annoncer. Mais je garderai un pied dedans, en faisant des remplacements ponctuels. Et qui sait, peut-être que j'aurai un peu plus de temps en janvier. Je serai alors à nouveau accueillante.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Alle Energien auf ein Ziel gerichtet! Ich wünsche Dir viel Erfolg auf diesem Weg.

Anonyme a dit…

J'ai été très touchée par ton récit.
Merci.

Mecha a dit…

Oh, je suis contente, Blandine...