lundi 24 décembre 2007

Prolifiques Tropiques (Des choses aux mots1)




Un matin je me lève, je sors du dortoir pour me rendre à la salle de bain. Je vois tout de suite que quelque chose est arrivé la nuit. Un cataclisme. Des énormes tas de cendre revêtent le sol, s'entassent dans des lavabos, débordent des douches. Je m'approche, fascinée...ce sont des mouches argentées! Des milliers, des millions de mouches qui sont venues mourir là ensemble. Comme un signe divin.

La première nuit dans le gîte de montagne, je suis réveillée par une pluie qui semble vouloir tout emporter. Une force apocalyptique. Dans mon lit, j'attends l'arche de Noé, mais la baraque tient bon. Le matin, le monde est comme au premier jour.


Le ciel est plus étoilé, la nuit plus noire que chez nous. En observant un serpent venimeux engloutir un lézard, je comprends tant de choses. La proximité absolue entre vie et mort.


C'est cette puissante marmite qui est le berceau de l'humanité. Sous les Tropiques je renifle le fantasme des origines. Ceci n'est pas une terre rationnelle.

Joyeux Noël!

samedi 22 décembre 2007

Atterrissage en perspective

De retour depuis deux jours, je retrouve avec bonheur mes amours et mes repères. Mais je ne peux me résoudre à tourner définitivement la page de ce voyage, le matin je me révéille désorientée...le chaud, le froid, le Nord, le Sud... Qui suis-je, où suis-je, avec qui, et pourquoi? La nuit dernière, tout sens avait déserté le champ de ma pensée. J'ai rêvé avoir succombé à la folie.

Je pense qu'il faudrait ranger les expériences dans des petits tiroirs triés et labellisés. Mais j'hésite encore. Le mot tue la chose.

mardi 18 décembre 2007

Rentrer





Lorsqu'on transpire dans nos petites robes malgre la clim, et qu'on tue des moustiques, les "silent night" et autre "white christmas" nous apparaissent comme une excentricite typiquement africaine. Pourquoi ces gens s'obstinent a mettre des sapins dans les magasins et dans les hotels, alors qu'ils ont des palmiers?

Mais si c'est vrai, et que Noel est proche, alors c'est peut-etre moi qui ne suis pas a ma place sous les Tropiques... Je crois qu'il est temps de rentrer. Ca tombe bien, j'ai justement un billet pour demain a 10h! Allez, 24h de voyage, de Dar a Nairobi, de Nairobi a Entebbe, et demain soir de Entebbe a Bruxelles.

A bientot en pull sous le sapin, les amis!

vendredi 14 décembre 2007

Arriver a Zanzibar

Je vous ecris sur un clavier qui propose des lettres arabes a cote des petits symboles qu'on utilise chez nous pour fixer le langage dans l'ecrit. On a finalement echouees a Zanzibar, terminus de ce voyage.

Encore un autre monde qui s'ouvre, des femmes voilees, une chaleur extremement humide, une architecture qui evoque un monde arabe comme fantasme a partir des recits de Mille et une Nuits. Une cote splendide.

Une seule photo pour l'instant. Un "dhow" sur la cote.

Demain on se refugie encore plus loin du port, pour paresser a l'ecart du monde.

mercredi 12 décembre 2007

Ngorongoro Crater


















Desolee, mais le blog ne suit plus du tout l'experience, manque d'acces a des cybercafes. Mais si je vous dis que j'ai ete trois jours sans eau courante, vous comprenez certainement... Oui, on l'a fait, le trekking au Mont Meru, et on est arrivees au sommet! (mais redescendues dans un pietre etat)!!!

Avant de vous raconter ce periple qui est une experience enorme en soi, je tente tout de meme de reprendre le fil chronologique des evenements...

Initialement, on ne voulait pas faire de safari, mais quand j'ai lu sur le Ngorogoro Crater, qui constitue une espece de superlatif parmi d'autres superlatifs, j'ai chavire. C'est le plus grand cratere ferme sur terre, classe comme site "Unesco World Heritage" et abritant une variete incroyable d'animaux, une espece de microcosme assez improbable. Comme je suis dans le coin, je me suis dit que c'etait quand meme l'occasion... Nous nous sommes debrouillees pour organiser un 4x4 avec chauffeur aux portes de la Ngorongoro Conversation Area, au lieu de reserver le safari a partir d'Arusha, ce qui a pu reduire un peu les couts et nous a donne l'impression qu'on reste des voyageurs independants. Quand je pense qu'on voulait s'y balader a pied... (la jeep obligatoire coute 200$ rien que pour entrer au parc). Decidement, a Arusha on a change de programme. En effet, toute la ville d'Arusha tourne autour de l'industrie du safari et du trekking, en tant que ville de depart pour au moins 5 parcs nationaux. La Tanzanie, en tout cas dans ce coin du pays, developpe un tourisme de luxe comme j'en ai rarement vu ailleurs. Tous les prix affiches par nos guides de 2006 sont aujourd'hui largement depasses.

Ce soir, on est toujours a Arusha, car il a fallu ajouter un jour de repos apres l'exploit sportif, mais demain on prend la route vers Dar, et vers Zanzibar! A bientot, de la plage, votre nomade qui repense de plus en plus a son nid et a ceux qu'elle espere bientot retrouver.
(Le message a ete ecrit le 12 mais poste le 13, car au moment de publier, la connection Internet a encore lache.)

dimanche 2 décembre 2007

De Kampala a Nairobi et de Nairobi a Arusha
















Je vous ecris de Nairobi aujourd'hui. Nous aurions prefere traverser rapidement en bus cette megapolis reputee pour son taux de criminalite, mais le bus direct pour Arusha etait plein. Nous voila donc arrivees hier soir dans la capitale kenyane, ou nous nous sommes refugiees dans un taxi pour faire 300m jusqu'a notre "Hotel" basique, aux ressemblances lointaines avec une prison de haute surveillance. (2 gardiens, trois portes a barreaux a traverser) Je deteste ce genre de villes. Nous avons crignote une tartine au lit, pas l'energie pour se battre avec cette ville le soir.

Ce matin, la ville ne semble pas si horrible, apres tout. Elle ressemble davantage a une banlieue pauvre de New York, avec son cote dur, occidental qu'a une grande ville africaine comme Kampala. Qui est plus coloriee, plus exotique quelque part. Et qui degage une ambiance plus decontractee, "laid back" comme ils disent ici.

Avant hier, 4 heures de bus pour revenir de Jinja a Kampala. Hier 12 heures de bus de Kampala a Nairobi, et quelles routes! En partie, ce sont des pistes ou nous roulons a 5o km/h, impossible de lire avec ces secousses sans fin. Expermimentees comme nous commencons a l'etre nous avons eu la sagesse de mettre nous soutifs de sport hier...

Et aujourd'hui 5 heures de bus jusqu'a Arusha. La fin de la premiere partie du voyage est marquee par les paysages qui defilent de l'autre cote d'une vitre de bus. On change de territoire. En entrant au Kenya, le paysage est rapidement devenu plus sec, plus plat. De la savanne comme on l'imagine, avec des zebres qui longent la route. Et contrairement a mes craintes, les autorites dounaieres etaient sympatiques et honnetes, pas de corruption visible du moins.

Les photos:
Mecha tetanisee dans sa chambre d'hotel a Nairobi. Si vous regardez bien, vous pouvez voir le bleu sur ma levre, souvenir du rafting. Mes bras sont aussi recouverts de bleus, et de surcroit j'ai ete pique par une moustique sur l'oeil. C'etait violent ce truc, mais les paysages du Nile en valaient la peine(deuxieme photo). Nous avons croise un crocodile sur notre bateau, et cet animal majestueux, le "fisheagle"...

Les quatre photos suivantes montrent differents visages de Kampala.
Et les deux dernieres ont ete prises sur le massif des Rwenzori. Notre superbe latrine au clair de lune... On vient d'apprendre qu'Ebola a encore frappe dans ce coin-la, une semaine apres notre passage. 15 morts, 50 personnes infectees. La mort est si presente ici. C'est une experience etrange pour les nevroses occidentaux...

A bientot, votre nomade vous ecrira de Tanzanie.


mercredi 28 novembre 2007

A Kampala, apres dix jours de voyage (2)










Ces derniers jours ont ete excessivement denses en vecu en tous genres. Apres l'euphorie des premiers jours, on est fatiguees. Physiquement, mais aussi mentalement. Nous avons donc decide de poser nos bagages trois nuits dans une sympathique auberge de jeunesse un peu a l'ecart du centre-ville de Kampala, histoire de ressourcer, de renouveler notre desir de nouveau. Finalement, nous allons quand meme faire ce celebre rafting sur les sources du Nile, demain, a 80km de Kampala. C'est une grande attraction touristique ici, et c'est tres cher par rapport aux frais de voyage normaux (95$, pour une journee, transport, repas et nuitee comprise), et puis, il parait que c'est vraiment pas pour les cardiaques. Pensez a mon petit coeur demain...

Mais avant de vivre du nouveau, je voulais deposer ici encore les recits de nos expeditions a partir de Fort Portal. Le lendemain de notre arrivee, nous nous sommes installees dans un joli guesthouse au milieu des plantations de the, a une vingtaine de kilometres de Fort Portal, juste au milieu entre le Kibale Forst National Park et les "Crater Lakes". Le premier jour nous avons explore a pied quelques "Crater Lakes", c'etait fabuleux et tellement agreable de marcher de village en village, avec les enfants qui accourent pour inspecter ces creatures bizarres sans peau. Ou nous passons, nous attirons les enfants, ils courent derriere nous, parfois des centaines de metres et lorsque nous nous retournons, ils sont un peu intimides, presque effrayes. Que raconte-t-on sur les Blancs ici? Apparemment, un enfant qui n'est pas sage est menace d'etre puni/enleve par l'Homme blanc. La plupart du temps ils rient a gorge deployee en nous voyant. Ils nous appellent: "How are you?". Nous repondons patiemment, a tous. C'est fatigant d'etre une attraction de cirque. Mais c'etait une journee formidable qui s'est termine par un bain dans les "Mahoma Falls".

Et oui, le lendemain nous avons pu approcher les schimpanzees, apres une petite marche dans la foret tropicale. C'est etrange de les rencontrer, nos plus proches cousins animaux. Mais cette visite a laisse chez moi un petit gout de trop peu...les voir n'est pas suffisant, j'aurais voulu les connaitre mieux..

Mon temps-Internet court, court, court... Je voulais encore vous dire que mon blog est maintenant plus que jamais une espece de maison virtuelle, ou je peux me ressourcer dans votre compagnie, merci. A bientot!

mardi 27 novembre 2007

Retour a Kampala, apres dix jours de voyage (1)







En contemplant les collines de plus en plus vertes et de plus en plus hautes de l'Ouganda du Sud-Ouest, j'ai pense a la Suisse. C'est venu tout naturellement, cette comparaison, aussi incongrue qu'elle puisse paraitre. Interieurement j'ai ri de moi, quoi de plus eloigne de la Suisse, riche, propre, ordonne que l'Ouganda, pauvre, sale, chaotique.
Un peu plus tard j'ai decouvert dans mon "Bradt Guide" la meme comparaison, "Ouganda, the Swizzerland of Africa". J'etais surprise, presque decue, finalement mon impression n'etait pas si originale.

Mon amie m'avait prevenue, ici la beaute du paysage masque l'extreme pauvrete de la population. Elle avait raison, du paysage se degage une impression de harmonie, d'un monde a l'etat original, un monde en equilibre (le mot qui me vient en anglais quand les gens me demandent ici mon avis, est "unspoilt"). La vegetation est luxuriante, la faune tellement riche, et la chaleur nous enveloppe gentiment comme le fait uniquement l'humidite d'un climat tropical.

Mais le leurre ne dure guere. C'est surtout depuis nos deux jours de trekking aux pieds du massif des Rwenzori, en traversant des villages de montagne ou la vie est faite d'extreme labeur dans des jardins hauts perches, et ou les enfants aux ventres gonfles nous adressent de grands sourires, que j'ai pris la mesure de la pauvrete. Ce n'est plus uniquement un tableau inhabituel, fascinant, romantique, il y a autre chose. Nous avons loge la-haut, dans un "banda", espece de hutte en terre cuite. Se laver sous le ciel ouvert dans une bassine d'eau permet de comprendre autrement la vie ici. "Tristes Tropiques" m'a toujours paru un drole de titre (pour un livre que je n'ai jamais lu). Ici j'y ai repense et je saisis maintenant mieux cette etrange melancholie qui peut se degager sous le soleil de l'equateur.

Pour chaque jour vecu ici, je pourrais ecrire des pages et des pages... Je vous dis donc a demain pour plus de details et je vous embrasse bien fort. (J'ai mis deux heures a telecharger ces quelques photos...et j'arrive pas a voir mes email pour le moment)

Photos:
-Repas vegetarien complet a midi pour environ un Euro, sauce de haricots rouges, patates douces, potiron, epinards, dans un resto local.
-Enfants aux pieds des montagnes Rwenzori.
-Le petit bourg de Fort Portal (photos 3 et 4)
-Un bel exemplaire des celebres "matatus". On y sort en chaque fois en se felicitant de survivre. Remarquez l'inscription!

mercredi 21 novembre 2007

Premieres impressions










Lake Bunyonyi, a plus de 2000m d'altitude. C'est l'ile aux petits oiseaux, il y en a de toutes les couleurs et de toutes les formes. Deux nuits sur une ile de 8 hectares dans une tente amenagee, perdue dans la foret. La premiere nuit, nous dissimulons difficilement notre trouille derriere des fous rires. Incroyable, tous les bruits de la foret, la nuit. Les citadines experimentent la vie au grand air... En analysant nos peurs completement irrationnelles, nous mettons a jour un curieux melange de la peur du mechant loup (lion) et de la peur du Noir (sous toutes ses formes).

Cet Hotel est un projet de developpement exemplaire: les communautes locales gerent la structure et les profits generes soutiennent des projets medicaux et educatifs du lac. En plus, les logements sont ecologiquement correctes avec des latrines seches et des douches manuelles (un seau au-dessus qu'on remplit en grimpant sur une echelle). Le reve, quoi! Et le restaurant sert le matin pour un Euro de super pancakes avec salade de fruits ainsi que de tres bons plats locaux, a base de bananes, patates douces, posho et riz.

Hier, on a quitte tout ce bonheur. 500km,12h en minibus surcharges (ce mot n'exprime en rien ce que c'est). Nous sommes a Fort Portal aujourd'hui, mais nous nous rapprocherons du Kibale Forest National Park pour voir peut-etre des chimpanzes et pour nous balader dans la region des Crater Lakes...

A bientot, les amis!

jeudi 15 novembre 2007

Itinéraire d'un blog en voyage



J'atteris vendredi soir à Entebbe, à une trentaine de kilomètres de Kampala, la capitale de l'Ouganda. Je passe la nuit déjà bien entamée à Kampala et le lendemain je rejoins en bus mon amie à Kabale, au Sud de Mbarara. Cela va prendre quelques heures, l'occasion de m'immerger dans cette Afrique que je connais encore si peu. Ensuite on va passer deux, trois jours calmes au Lake Bunyoni (pas sur la carte), histoire de se raconter toutes nos dernières vies et de planifier un peu plus l'itinéraire. J'ai déjà choisi une bouteille de rouge à enmener... Un rouge qui ressemble à celui qu'on buvait tout au long de cette mémorable nuit passée sur le ferry entre Stockholm et Talinn.

Pour le moment, l'itinéraire ressemble à ceci:

En Ouganda (environ 2 semaines):

Fort Portal comme base de départ
pour une petite expédition dans les Rwenzori Mountains

pour la visite du Kibale Forest National Park (schimpanzés)

pour la visite des Crater Lakes


Ensuite visite de Kampala et de Jinja
Rafting sur les sources du Nile (près de Jinja)

Bus de Kampala via Nairobi à Arusha

En Tanzanie (2 semaines)
Trekking Mt. Meru (4 jours)

Expédition dans la Serengeti et Ngorogoro Conversation Area


Bus de Arusha à Dar-Es-Salaam
Ferry pour Zanzibar...quelques jours de plage


Le 19 décember, avion de Dar à Kampala, et de Kampala à Bruxelles.

Voilà, vous savez où je serai...

(Quant à la Belgique, je commence à me faire des soucis. La dynamique n'est pas bonne du tout. Plus la crise dure, plus les fronts se durcissent. Le compromis à la belge reste introuvable.)

mercredi 14 novembre 2007

En vue de

Ce voyage m'aspire comme un trou noir. La dernière transcription est bouclée, mais je n'aurais pas retravaillé mon article. Tant pis, tout est en vue de partir, maintenant.
  • Faire hiberner les géraniums à la cave.
  • Etudier le mode d'emploi de mon appareil photo.
  • Chercher deux, trois bons bouquins pour les longs transports inconfortables. Des histoires liées à l'Afrique, de préférence... Je prends déjà "Cahier Nomade" du djiboutien Waberi... D'autres idées?
  • Jouer avec les chats en vue de tous ces jours sans moi (sans eux).
  • Chercher un hotel sympa pour la deuxième nuit, la première étant réservée. J'ai trouvé une compagne de voyage pour le transfert nocturne de Entebbe à Kampala. Vive Internet!
  • Préparer le test de Néerlandais pour ce soir et prévenir le prof de mon absence.
  • Recontacter mon amie de là-bas pour reparler encore de ce qu'on prend avec.
  • Enregistrer une copie conforme de l'Homme dans ma tête.
  • Commencer à faire mon sac.
  • Derniers coups de fils aux amis et famille.
  • Calmer mon coeur, entre la trouille et l'enthousiasme.
J'ai même préparé des "Stollen" de Noël qui seront délicieux à mon retour. Si ça, c'est pas rassurant...

(Photo de Bamako, Mali)