jeudi 26 avril 2007

Longue haleine

Une thèse, c'est un peu comme un marathon. On s'engage dans un truc qui va durer et on n'arrête pas de se dire: "Jusqu'ici, tout va bien!" Mais socialement l'expérience ne vaut rien, si elle reste inachevée.

Pendant tout le parcours, la préoccupation récurrente concerne donc notre rythme de croisière: est-il adapté? On risque d'être trop rapide pendant la course alors qu'au cours de la thèse on craint d'être trop lent. Trop rapide, trop lent pour rendre réaliste la perspective d'une arrivée. La peur majeure est donc la même dans les deux cas : ne jamais arriver au bout.


C'est effectivement vers la fin que ça se corse, c'est là que la vérité apparaît, j'y arrive où pas? Tous les coureurs ont déjà entendu parler du "mur" des 30 km, où l'athlète se retrouve vidé de toutes ses forces... Je suis encore loin de ce moment en ce qui concerne ma thèse, je dois me trouver vers le kilomètre 10, 12.

Je n'ai jamais fait de marathon (de thèse non plus, remarquez!), mais je suis pas peu fière d'avoir terminé un semi-marathon (et deux mémoires par ailleurs). Tous les jours je continue mon petit bonhomme de chemin en me répétant que le travail constant mène au bout. Parfois aussi je me dis que le bout, je m'en fous. Que j'aime bien le mouvement en soi, et que pour le reste on verra bien. Et puis je me dis que ça fait trop longtemps que je n'ai plus été courir, car un marathon, ce serait quand même quelque chose...

(Photo: Les 20 km de Bruxelles, en mai 2005)

7 commentaires:

Catherine a dit…

Alala la thèse!
Moi je suis à un plus petit niveau mais bel et bien à mon troisième mémoire de recherche tout de même!!la question du rythme s'est aussi imposé à moi mais dans un autre sens: celui d'avoir terminé mon mémoire dans les premiers, avant une grande partie de ma promo qui préfère présenter en septembre et là le doute... Pourquoi ai-je fini avant? Est-ce que c'est parce que c'est totalement nul? Et c'est pour ça qu'à ce jour, alors que tout est imprimé, que je dois présenter la toute dernière version à mon directeur de recherche mercredi, je n'ai pas envie de le lacher, je le relis sans arrêt par peur de manquer.. manquer des fautes d'orthographe, de précisions, de richesse, de réflexion, de clarté... Et ça me rappelle que chaque jour ou du moins souvent je ressens aussi face aux évènements ce gout de pas assez, pas complet, de manque de quelque chose mais de quoi? je ne sais pas....
bon courage à toi et à bientot!

Mecha a dit…

Tu sais, moi aussi je suis parmi ceux qui rendent plus tôt, c'était le cas pour mon mémoire de fin d'études, il y avait très peu de gens dans mon cas, mais ça c'est très bien passé! Je pense que ça dépend de notre tempérament, de notre discipline et si ça peut se terminer plus tôt, tant mieux! C'est agréable de pouvoir s'en débarrasser plus tôt ;-)
Mais je comprends très bien tes doutes, car là tu as le choix, tu pourrais donc encore continuer, ajouter, perfectionner... Difficile de s'arrêter là. Et le pire c'est que une fois le truc imprimé quand tu l'ouvres et que tu tombes sur une faute d'orthographe...aïaïaï...
Bon courage à toi aussi!J'ai comme un sentiment que ton travail est très bien...

Anonyme a dit…

Je voulais seulement saluer ton fabuleux talent de photographe. Les photos de ton blog sont exceptionnelles. bravo.

Anonyme a dit…

Da kommt sich der Kurzatmige als Behinderter vor.

Mecha a dit…

Oups, tu sais quoi Blandine? Cette photo c'est l'Homme qui l'a faite et j'ai oublié de le signaler...
Bon, je le prends quand même pour moi ce joli compliment, héhé! Car je sais aussi m'entourer de personnes qui font de belles photos (toi, Luc et l'Homme)
Gros bisous!

Anonyme a dit…

Ah, la thèse, en plein dedans! J'aime bien ton analogie avec le marathon, pas que j'en aie fait déjà l'expérience, ni de la moitié, ni de ce qui approche une moitié, mais il y a un rapport. Le mur des 30 km (de la fin moins 3 mois dans mon cas) existe bel et bien, je confirme. Toutes les questions qu'on se pose avant aussi, sauf que je me suis pas demandé si ça allait trop vite, alors là, jamais! Mais surtout, à ce stade-ci, où je doute sérieusement si je vais jamais avoir ces deux foutues petites lettres devant mon nom, je me dis: qu'est-ce que j'aurais l'air conne si je m'arrêtais au 30 km et que je devais faire demi-tour pour retourner à la ligne de départ! En plus, ne songeons même pas à l'énergie que cela me coûterait! Conclusion: c'est complètement hors question.

Point de vue physique, la barrière se manifeste aussi: mal aux pieds, au dos, aux épaules à force de courir après mes réactions toute la journée, consommation impressionnante de semelles de chaussures, un cerveau ressemblant à de l'ouate avec tous les solvants que je respire. Le pire c'est l'insomnie. Pas que je travaille 24h par jour, mais la chimie me flotte constamment dans la tête, je planifie mon lendemain, réévalue la veille, panique que j'ai oublié quelque chose allumé. Et voilà que mon système immunitaire m'abandonne aussi: méga rhume alors qu'il fait été dehors depuis 1 mois!

Là où ça dévie du marathon, c'est quand on se pose la question si on a vraiment bien fait ça. N'aurait-on pas dû faire tel et tel truc en plus, ce chapitre-là est-il assez critique et n'aurais-je pas dû avoir une autre approche dès le départ? Ca m'inquiète, car dans l'hypothèse d'arriver à la fin, j'ai quand même envie d'être contente du résultat, d'avoir vraiment contribué à quelque chose, ou du moins à mon propre apprentissage et évolution personnelle. Alors là j'espère que ce sera comme pendant les (vraies) études où après chaque examen on allait boire des pintes dès que le pub ouvrait à 11 h du mat et on oubliait tout et n'était que contents que ce soit fini :)

Et puis c'est quand même un sacré bout de temps, quatre ans (voire plus). J'arrive à penser à peu d'activités si ciblées qui durent si longtemps. Il est même rare pour beaucoup de gens de rester dans le même boulot sans promotion pendant si longtemps!

Donc, il me reste à te souhaiter beaucoup de courage, ça va s'arranger, je suis sûre, mais à mon avis tu vas tenter le vrai marathon encore avant! x

Mecha a dit…

Bonjour lola!

J'imagine effectivement qu'à la fin, encore après le mur des 30km, c'est un peu le sprint du non retour. C'est tout simplement hors question de s'arrêter, sauf événement majeurissime, genre mort ou traumatisme crânien annulant les facultés de raisonnement.

C'est vrai que les questions sur la qualité du travail n'ont pas d'équivalent dans le marathon. Et les doutes ne nous accablent pas lorsque nous courons.

Le vrai marathon avant? Je ne sais pas si c'est optimiste ou pessismiste ;-), faudrait déjà que je me remette vraiment en forme pour des semi... Et puis il me faudrait un partenaire, souffrir à deux est plus marrant. Avis aux amateurs!