mardi 25 septembre 2007

Re-vacances!





Cela fait déjà quelques jours que la consultation de la météo sicilienne s'est intégrée dans mon petit rituel du matin. C'est prometteur, 25-28°... Avec l'Homme, on s'est loué Le Guépard de Visconti et Cinema Paradiso de Tornatore pour un avant-goût de Sicile. C'était d'ailleurs également un film, La meglio gioventù qui m'avait donné au départ l'envie d'y aller, on y voit le Stromboli et les îles éoliennes...

Enfant, j'ai passé tant de superbes vacances en Italie, je ne peux pas séparer mon bonheur d'enfant de ce pays. Des souvenirs d'une légèreté d'être, d'un temps en apesanteur, d'un enchantement sans fin. Je sais qu'aujourd'hui je ne voudrais pas vivre dans ce pays, mais ça c'est une autre Italie. Tout comme la Sicile, heureusement.

Je me suis achetée un livre de nouvelles de Pirandello, bilingue, pour réactiver le département italien de ma mémoire linguistique.
Et mes parents m'ont offert ce livre de cuisine que j'aime beaucoup, pour la délicieuse simplicité des recettes et parce que s'il fallait choisir une seule appartenance gastronomique, je serais italienne. J'y ai trouvé une chouette recette pour mettre en valeur cet épice bizarre qu'est le laurier. Un risotto au laurier frais...mmh...

Toutes ces préparations pour tempérer mon impatience de partir, de quitter une Belgique chancelante pour une île de volcans. Ca nous a bien occupé pendant l'été, ces histoires communautaires, mais on finit par s'en lasser. Le feuilleton a perdu de son rythme. J'ai remarqué il y a quelques jours que de plus en plus de drapeaux belges fleurissent aux balcons, signes de l'attachement à l'unité nationale. Peut-être qu'il y aura une ouverture à notre retour, le 4 octobre?

(Encore des photos du Vercors, par Alice et François)

lundi 24 septembre 2007

Méli-Mélo

Levée à six heures ce matin. Il m'a fallu un moment pour comprendre que ce n'était pas le store qui rendait la chambre obscure, mais bien la nuit dehors.

C'est l'automne, la saison qui allie superbes journées dorées et premiers moments désolants de grisaille. A la radio, Monsieur Météo annonce une journée de transition.

Il y en aura deux même, de jours de transition, entre le mariage du weekend et notre départ en vacances.

Le Mariage? Il a eu lieu sous un soleil éclatant. C'était beau, c'était émouvant, j'ai effacé une larme comme au cinéma, sous mon énorme chapeau (loué et portant comme nom "le fou"). Ben oui, c'est quand même notre Cupidon qui s'est lié pour la vie, c'est l'homme qui m'a présenté l'Homme.

J'ai eu beaucoup de plaisir à jouer à la princesse: choix du chapeau, redécouverte de bijoux , pédicure, j'ai même trouvé un vernis de la même couleur que la robe, couleur "rouille".

Et puis 32 heures de fête sans relâche, en commençant par un petit-déjeuner et la bénédiction des alliances, suivi du déjeuner, des prises de photos, de l'apéro et d'un buffet champêtre, en terminant sur une soirée dansante. Je regrette juste mes limites assez nettes en matière de boisson et de bouffe.

Les photos du chapeau suivront, promis!

(Photo: Vue de mon appart à Bruxelles)

vendredi 21 septembre 2007

Bye, bye...

J'ai terminé ma psychanalyse. Ou plutôt, j'ai terminé avec ma psychanalyste.
Je ne peux pas accepter qu'elle demande tout à coup 50 Euro au lieu de 30, de manière unilatérale et autoritaire. Au début bien sûr, je pensais que c'était une manoeuvre thérapeutique. Elle cherche ma colère, me disais-je. Elle a mis un petit temps avant de la trouver, et j'ai pas mal appris sur moi, sur mon rapport à la colère, au conflit, à l'autorité.

Mais j'ai aussi dû découvrir que ses exigences financières n'étaient nullement provocatrices. Selon elle, je dois changer de relation imaginaire à elle, et cela passera nécessairement par une hausse de prix. "Voulez-vous faire une analyse ou une pseudo-analyse?" me demande-t-elle.

Je lui ai dit que finalement, c'est comme à l'église, plus on monte haut au ciel, plus c'est cher. Et que je croyais la psychanalyse du côté des Lumières, et non de l'obscurantisme. La psychanalyse ne peut quand même pas viser la soumission absolue au Maître?!


Je suis choquée, triste, déçue...mais quelque part, je ressens aussi une certaine joie. Je sais qui je suis, et je connais les limites de ma dépendance. Cette relation, elle n'est pas à tout prix. (Vous imaginez, 400 Euro par mois?!) C'est ce que je lui ai dit en partant, en payant le prix habituel: "Je crois que je ne suis pas prête pour ce genre de relation".

J'espère que je ne le serai jamais.

Mais les questions restent là, et continuent à me travailler. Pourquoi s'est elle engagée dans ce bras de fer avec moi? Est-ce une erreur de diagnostique? Un problème de contre-transfert? Ou une manière de cloturer? Ou est-ce que c'est tout simplement quelqu'un de malhonnête, uniquement à la recherche du plus grand gain possible? A qui me suis-je confiée pendant toute une année? Et puis cette question, de moins en moins présente grâce aux amis qui m'ont rassurée:
Avais-je raison de rompre? Moi qui défendais la psychanalyse contre ses détracteurs... C'est dur à avaler.

mardi 18 septembre 2007

Sédentaire ou nomade?

Une amie que je vois peu me dit au détour d'une conversation que 27 ans, c'est un drôle d'âge. On est encore tenté par une vie de bourlingueur, mais en même temps, le modèle de vie stable devient une option réelle. Nos pendules indiquent encore la même heure, avec cette amie, ça m'a fait chaud au coeur. Car moi, je suis la nomade sédentaire, reine du complexe du même nom.

Je vois autour de moi les uns qui s'installent tout doucement, des mariages, des cohabitations plus ou moins stables, des projets d'achats d'appartements, des bébés aussi, réels ou rêvés. Puis les autres, qui partent encore dans le monde, pour des voyages et des stages, tous les prétextes sont bons quand on a la bougeotte.

Moi, j'ai un argument imparable : le "maintenant ou jamais". Vous connaissez? Il légitime toutes sortes de folie, cet argument. Je pars donc rejoindre
mi-novembre une amie en Ouganda pour voyager pendant 31 jours en Afrique de l'Est.

lundi 17 septembre 2007

Loisirs

J'ai tenté le cours de danse contemporaine, mais je sens que ça va être encore du travail, de la douleur, trop d'attentes. Ce sera peut-être dans une autre vie, Mecha danseuse chez Anne Teresa de Keersmaeker.
J'ai vu Sinfonia Eroica de Michèle Anne De Mey l'année passée, et la décision est prise, si je renais, je ferai ce métier divin.
A chaque rentrée, je tente de nouveaux cours, j'y vais une fois, peut-être deux, pour me dire que finalement la course à pied me va très bien. L'année passée, avec l'homme on s'est intéressé à l'aviron, qui se pratique sur la Meuse. C'est tellement beau de voir glisser ces bateaux minces sur l'eau, avec une ou deux personnes qui rament en harmonie... Il a fallu trois explications techniques et c'était clair pour moi, que non, je ne voulais pas ramer tant que ça. L'année d'avant j'ai fait quelques mois (!) de trapèze, et j'ai dû arrêter au moment où musculairement je commençais tout doucement à suivre, pour cause de déménagement.

J'ai encore répéré des cours de danse orientale qui commencent le mois prochain, peut-être que ça me plaira davantage? Je devrais peut-être plus souvent sortir en boîte, là je peux me déhancher comme je le sens.

(Photo : pétrolier sur la Meuse, bâtiments Le Corbusier à Droixhe)

jeudi 13 septembre 2007

La part d'ombre

Ce qui me frappe, dans ma lecture sur l'histoire du chat, c'est la grande variabilité des caractéristiques que l'homme attribuait au chat, au cours des siècles de cohabitation commune. Alors que la plupart des animaux sont connotés ou bien négativement ou bien positivement, le chat est perçu comme profondément ambigu. Utile, mais pas net.

C'est ce que j'adore chez ces bêtes. Leurs yeux sont insondables. Ils nous rappellent qu'on ne connaît pas l'autre, l'autre nous échappe et nous échappera toujours. Je ne sais pas pourquoi, mais face à mes chats, cela me console. Je peux aimer ce que je ne comprends pas.

mercredi 12 septembre 2007

Accueillante

J'accueille les gens qui poussent la porte du Centre, pour un rendez-vous chez un médecin ou un autre intervenant. Je prends aussi le téléphone.

Mais fondamentalement, je veille sur la salle d'attente. Sur le fait que l'attente soit récompensée en temps voulue par une consultation, et sur le microcosme de l'attente lui-même. Je propose le journal ou du café, je me renseigne sur l'état des uns et des autres, je discute de tout et de rien. Parfois je dois rappeler certains à l'ordre, faire respecter les règles qui sont ici plus qu'ailleurs indispensables pour que ce lieu soit vivable, pour qu'il se situe au-dessus de la rue et de son climat souvent rude.


J'accueille toutes sortes de récits, de plaintes, de réflexions. Je crois que c'est cela que je ressens comme reposant, ici j'accueille, je ne cherche pas. Un tel me raconte sa rupture récente et affirme ne jamais pouvoir comprendre les femmes. Tel autre qui a grandi dans le quartier trouve, toxicomane lui-même, que le quartier ne compte plus que des toxicomanes et des étrangers. Puis il y a celle qui a le ventre encore gonflé du bébé qu'elle vient de perdre. Ou celui qui me montre ses bras scarifiés alors que je mords dans mon sandwich. Je comprends aujourd'hui que la toxicomanie n'est rien d'autre qu'une souffrance accrue de la vie.

Et pourtant, je vais arrêter d'être accueillante, je l'ai décidé, finalement. C'est une responsabilité en moins et du temps en plus. Pour la thèse.

Pas facile de l'annoncer. Mais je garderai un pied dedans, en faisant des remplacements ponctuels. Et qui sait, peut-être que j'aurai un peu plus de temps en janvier. Je serai alors à nouveau accueillante.

mardi 11 septembre 2007

Se concentrer

La vie est riche, ces jours-ci.
Trop riche sans doute, à croire mon promoteur qui m'a rappelé à l'ordre: "Il faut que tu te consacres à plein temps à ta thèse, maintenant."

Comment ça...comment sait-il? Qui m'a trahi?! A moins qu'il ne serait un lecteur assidu de mon blog... Etonnante, cette capacité de poser un diagnostique véritablement pertinent sans avoir lu mon dernier rapport, ni plus rien d'autre de moi, et cela depuis 2 mois. Je l'admire, car il a raison. Ou alors, il a raison parce que je l'admire... N'importe! Il faut que je plonge dans le travail, fini les petites touches par ci par là, les bricolages, les stratégies occupationnelles! Fini le "piddelen". (J'adore ce mot luxembourgeois qui signifie faire quelque chose sans grande conviction, avec une connotation de tripoter).


Tiens, en français, "consécration" et "consacrer" se ressemblent vachement. Eh oui, pour être bon, il faut le vouloir et concentrer ses forces vitales sur ce but qu'on veut atteindre. Mais moi, je veux tant de choses. Et pas de nouveau choix en vue.

(Photo par Luc, rando-vélo dans le Bourbonnais)

jeudi 6 septembre 2007

Reconnaître l'inconnu

Régulièrement j'ai rendez-vous avec des personnes que je n'ai jamais vues. Ce sont des interlocuteurs potentiels pour mes entretiens de recherche que j'attends toujours au même endroit animé. J'ai le temps de contempler les jeunes qui s'y regroupent et qui se ressemblent comme une goutte l'autre: jean slim, ballerines ou All-Stars, T-shirt plus ou moins punk, selon la culture du groupe. Je ne sais pas pourquoi, mais cela me fait penser au fait que les groupes de chimpanzés ont aussi des cultures différentes, c'est incroyable, je ne le savais pas il y a peu de temps...

Je cherche des yeux les gens à couleur de peau noire, pas très nombreux. Ah, le Monsieur en T-Shirt rouge... je le regarde dans les yeux, il me regarde, il se détourne, il est un peu jeune pour être mon rendez-vous, la voix au téléphone semblait annoncer un âge mûr... D'ailleurs il s'en va. Mais l'homme assis sur le banc en face pourrait correspondre, est-ce qu'il a le type nigérian? J'en sais rien, de toute façon ça n'existe pas le type nigérian, même les Haussa ne se ressemblent pas forcément entre eux. Une idée horrible me vient : Et s'il était blanc? Non, non, il y peu de blancs nigérians. La probabilité est infime. Là, il me regarde, le Monsieur sur le banc. Il est probablement trop timide pour venir me trouver, à moi d'y aller. Oh mon Dieu, j'espère que c'est lui, sinon il va croire que je le drague...


"Excusez-moi, vous êtes Ali?"
"Non..."
"Oh, pardon, excusez-moi!"
"Ce n'est rien, ce n'est rien..."

C'est vrai que normalement, il y a une espèce de reconnaissance dans le regard, une manière de dire: "Tu cherches aussi quelqu'un que t'as jamais vu? Tu es blanche, les cheveux bruns coupés courts : Ce ne serait pas toi?" Il n'y avait pas ça, ici. Déjà, deux heures et quart. Il ne viendra plus. Je vais le rappeler.

(J'ai un entretien aujourd'hui, justement. J'espère qu'il viendra. La réunion de hier était très bien, de l'énergie nouvelle s'est dégagée, je me sens regonflée un peu plus aujourd'hui...)

mercredi 5 septembre 2007

Remettre les pieds sur terre

Il est temps que je rentre, vraiment. Que je rentre dans ma vie quotidienne, que je redécouvre les agréments liés à la continuité, et surtout, il faut que je me réinvestisse dans tous ces projets en cours depuis la dernière rentrée. C'est vrai qu'il y a peu de nouveauté cette année, ce que je regrette; j'aimerais tellement ouvrir de nouveaux horizons, mais il y a du travail sous les vieux cieux bien connus. C'est peut-être pour cela que cette rentrée me paraît pénible, alors que j'adore d'habitude le mois de septembre.
  • La psychanalyse est loin d'être terminée, malgré des moments de distanciation allègres, faisant croire à la fin proche du travail.
  • La recherche de terrain est bien lancée, mais il faut continuer, faire les allers-retours, toujours chercher de nouveaux interlocuteurs, écrire les transcriptions, penser le différent et le semblable... Il reste tant de choses à faire, et je m'avachis, je sombre dans une espèce de léthargie.
  • Les cours de Néerlandais ne font sens que dans la mesure où je continue, au minimum une fois par semaine, à pratiquer cette langue qui pourrait m'être utile le jour où je recherche du travail. Et que j'aime bien, par ailleurs.
  • Mon travail d'accueillante bénévole dans un centre médico-psycho-social pour toxicomanes est devenue une véritable ressource pour moi, au fil du temps. J'y fais un travail concret, j'y rencontre des gens très différents, j'y ai ma place. Supprimer ce projet me ferait gagner du temps, mais j'y perdrai, je pense.
  • Quant au groupe de réflexion sur la santé mentale en exil que nous avons lancé au Luxembourg, les choses n'y n'avancent guère. Nous sommes trop peu nombreux et tout le monde y consacre l'énergie qui reste, après des emplois à temps plein. On se réunit aujourd'hui et j'espère une bonne relance pour l'année. Quand je pense que ce groupe devrait bientôt se transformer en association sans but lucratif, et travailler bénévolement dans le domaine...
Deux nouvelles envies quand même:
  • Rejoindre un groupe d'achat commun afin d'avoir accès à une nourriture de qualité qu'on achète directement aux fermiers. La dimension de l'échange autour de la nourriture m'y attire.
  • Danser! J'ai découvert un cours de danse contemporaine pour débutants qui pourrait être bien sympa...
Et vous? Quelle rentrée 2007?

lundi 3 septembre 2007

Fête...

J'ai du mal à retrouver un rythme de travail. Enfin...c'est un bel euphémisme. Je n'en fous pas une, exprime bien mieux l'état actuel des choses. Le blog s'en ressent car le billet quotidien s'insère chez moi dans une routine liée au travail, et s'effondre automatiquement avec elle.

La faute aux fêtes qui
passent avec leur cortège de verres et de microévénements demandant par la suite une journée d'intégration et de désintoxication. La faute aussi aux voyages auxquels je rêve. Et la faute à mon directeur de thèse qui n'a pas le temps de me recevoir.

Ce weekend, on a fêté les 90 ans de l'amie d'enfance de ma grand-mère, qui s'est mariée avec un Flamand. Elles se sont rencontrées, jeunes filles, dans une colonie de vacances avant la seconde guerre mondiale, et étaient amies depuis. J'ai très envie de dire "elles sont amies depuis", mais ma grand-mère n'est plus depuis 6 ans. C'est donc pour introduire encore du présent dans cette histoire que j'ai voulu y être.


Mais c'est aussi parce que cette famille réellement nombreuse est une créature fascinante, avec à sa tête cette femme si gentille, et que nous y appartenons comme un bras à Shiva. Pour moi, elle incorpore véritablement une espèce de mère archaïque, une Urmutter. Une femme généreuse, fertile et heureuse de l'être. Elle a mis au monde 8 enfants, et petite je jouais dans l'énorme jardin avec les enfants de ses enfants. Dimanche, ce sont ses arrière petits-enfants qui ont joué à cache-cache dans les buissons.


Moi j'ai fixé des visages et j'ai tenté d'y associer des noms. Certains ont grandi, d'autres ont vieilli, mais le son dans lequel baignent les rencontres est toujours le même. Sauf qu'aujourd'hui je comprends mieux les mots flamands. J'ai papoté au soleil, endimanchée, avec l'Homme à mes côtés. C'était une belle fête.

(Photo: Yanick, fête des 35 ans)