Lorsque l'on pousse un objet qui résiste et cet objet cède soudainement, on est du moins étonné, sinon effrayé, désemparée. L'énergie déployée risque de nous envoyer dans le décor. L'obstacle éliminé, le vide nous accueille les bras ouverts.
C'est un peu l'expérience que j'ai faite en escaladant le Mont Meru. J'étais si heureuse de le deviner devant moi dans les nuages, sachant que pendant trois jours ma vie serait sous son joug délicieux. Sachant que pendant tout ce petit temps, mon regard ne serait attiré que par son sommet glacial, mon être heureux dans le nirvana de la concentration et de l'effort. Quand après 6h d'ascente nocturne nous sommes arrivés, je n'étais pas joyeuse. Un vague sentiment de fierté était là, dominée par la fatigue et...rien. C'était fini. Il fallait rebrousser chemin. Cette expérience m'a définitvement fait comprendre à quel point le défi m'est vital. A quel point mon être se soutient dans l'engagement, la lutte, l'effort. Sans, je m'ennuie, je m'emmerde, je m'abrutis, je déprime. Le dégoût de l'école où nous pourrissions passifs dans les bancs, c'était ça aussi.
Là, contre toutes attentes, une petite forteresse vient de céder. L'association pour la santé mentale des réfugiés et migrants que nous construisons au Luxembourg depuis 2005 se dotera très probablement de deux-mi temps psychologues à partir de mars/avril. Je pourrais être de ceux-là, être payée pour continuer ce projet que je considère un peu comme mon bébé. Une décision s'impose rapidement.
De toute façon je suis très heureuse de cette avancée. Pas de doute, la lutte ne fait que commencer.