mercredi 28 novembre 2007

A Kampala, apres dix jours de voyage (2)










Ces derniers jours ont ete excessivement denses en vecu en tous genres. Apres l'euphorie des premiers jours, on est fatiguees. Physiquement, mais aussi mentalement. Nous avons donc decide de poser nos bagages trois nuits dans une sympathique auberge de jeunesse un peu a l'ecart du centre-ville de Kampala, histoire de ressourcer, de renouveler notre desir de nouveau. Finalement, nous allons quand meme faire ce celebre rafting sur les sources du Nile, demain, a 80km de Kampala. C'est une grande attraction touristique ici, et c'est tres cher par rapport aux frais de voyage normaux (95$, pour une journee, transport, repas et nuitee comprise), et puis, il parait que c'est vraiment pas pour les cardiaques. Pensez a mon petit coeur demain...

Mais avant de vivre du nouveau, je voulais deposer ici encore les recits de nos expeditions a partir de Fort Portal. Le lendemain de notre arrivee, nous nous sommes installees dans un joli guesthouse au milieu des plantations de the, a une vingtaine de kilometres de Fort Portal, juste au milieu entre le Kibale Forst National Park et les "Crater Lakes". Le premier jour nous avons explore a pied quelques "Crater Lakes", c'etait fabuleux et tellement agreable de marcher de village en village, avec les enfants qui accourent pour inspecter ces creatures bizarres sans peau. Ou nous passons, nous attirons les enfants, ils courent derriere nous, parfois des centaines de metres et lorsque nous nous retournons, ils sont un peu intimides, presque effrayes. Que raconte-t-on sur les Blancs ici? Apparemment, un enfant qui n'est pas sage est menace d'etre puni/enleve par l'Homme blanc. La plupart du temps ils rient a gorge deployee en nous voyant. Ils nous appellent: "How are you?". Nous repondons patiemment, a tous. C'est fatigant d'etre une attraction de cirque. Mais c'etait une journee formidable qui s'est termine par un bain dans les "Mahoma Falls".

Et oui, le lendemain nous avons pu approcher les schimpanzees, apres une petite marche dans la foret tropicale. C'est etrange de les rencontrer, nos plus proches cousins animaux. Mais cette visite a laisse chez moi un petit gout de trop peu...les voir n'est pas suffisant, j'aurais voulu les connaitre mieux..

Mon temps-Internet court, court, court... Je voulais encore vous dire que mon blog est maintenant plus que jamais une espece de maison virtuelle, ou je peux me ressourcer dans votre compagnie, merci. A bientot!

mardi 27 novembre 2007

Retour a Kampala, apres dix jours de voyage (1)







En contemplant les collines de plus en plus vertes et de plus en plus hautes de l'Ouganda du Sud-Ouest, j'ai pense a la Suisse. C'est venu tout naturellement, cette comparaison, aussi incongrue qu'elle puisse paraitre. Interieurement j'ai ri de moi, quoi de plus eloigne de la Suisse, riche, propre, ordonne que l'Ouganda, pauvre, sale, chaotique.
Un peu plus tard j'ai decouvert dans mon "Bradt Guide" la meme comparaison, "Ouganda, the Swizzerland of Africa". J'etais surprise, presque decue, finalement mon impression n'etait pas si originale.

Mon amie m'avait prevenue, ici la beaute du paysage masque l'extreme pauvrete de la population. Elle avait raison, du paysage se degage une impression de harmonie, d'un monde a l'etat original, un monde en equilibre (le mot qui me vient en anglais quand les gens me demandent ici mon avis, est "unspoilt"). La vegetation est luxuriante, la faune tellement riche, et la chaleur nous enveloppe gentiment comme le fait uniquement l'humidite d'un climat tropical.

Mais le leurre ne dure guere. C'est surtout depuis nos deux jours de trekking aux pieds du massif des Rwenzori, en traversant des villages de montagne ou la vie est faite d'extreme labeur dans des jardins hauts perches, et ou les enfants aux ventres gonfles nous adressent de grands sourires, que j'ai pris la mesure de la pauvrete. Ce n'est plus uniquement un tableau inhabituel, fascinant, romantique, il y a autre chose. Nous avons loge la-haut, dans un "banda", espece de hutte en terre cuite. Se laver sous le ciel ouvert dans une bassine d'eau permet de comprendre autrement la vie ici. "Tristes Tropiques" m'a toujours paru un drole de titre (pour un livre que je n'ai jamais lu). Ici j'y ai repense et je saisis maintenant mieux cette etrange melancholie qui peut se degager sous le soleil de l'equateur.

Pour chaque jour vecu ici, je pourrais ecrire des pages et des pages... Je vous dis donc a demain pour plus de details et je vous embrasse bien fort. (J'ai mis deux heures a telecharger ces quelques photos...et j'arrive pas a voir mes email pour le moment)

Photos:
-Repas vegetarien complet a midi pour environ un Euro, sauce de haricots rouges, patates douces, potiron, epinards, dans un resto local.
-Enfants aux pieds des montagnes Rwenzori.
-Le petit bourg de Fort Portal (photos 3 et 4)
-Un bel exemplaire des celebres "matatus". On y sort en chaque fois en se felicitant de survivre. Remarquez l'inscription!

mercredi 21 novembre 2007

Premieres impressions










Lake Bunyonyi, a plus de 2000m d'altitude. C'est l'ile aux petits oiseaux, il y en a de toutes les couleurs et de toutes les formes. Deux nuits sur une ile de 8 hectares dans une tente amenagee, perdue dans la foret. La premiere nuit, nous dissimulons difficilement notre trouille derriere des fous rires. Incroyable, tous les bruits de la foret, la nuit. Les citadines experimentent la vie au grand air... En analysant nos peurs completement irrationnelles, nous mettons a jour un curieux melange de la peur du mechant loup (lion) et de la peur du Noir (sous toutes ses formes).

Cet Hotel est un projet de developpement exemplaire: les communautes locales gerent la structure et les profits generes soutiennent des projets medicaux et educatifs du lac. En plus, les logements sont ecologiquement correctes avec des latrines seches et des douches manuelles (un seau au-dessus qu'on remplit en grimpant sur une echelle). Le reve, quoi! Et le restaurant sert le matin pour un Euro de super pancakes avec salade de fruits ainsi que de tres bons plats locaux, a base de bananes, patates douces, posho et riz.

Hier, on a quitte tout ce bonheur. 500km,12h en minibus surcharges (ce mot n'exprime en rien ce que c'est). Nous sommes a Fort Portal aujourd'hui, mais nous nous rapprocherons du Kibale Forest National Park pour voir peut-etre des chimpanzes et pour nous balader dans la region des Crater Lakes...

A bientot, les amis!

jeudi 15 novembre 2007

Itinéraire d'un blog en voyage



J'atteris vendredi soir à Entebbe, à une trentaine de kilomètres de Kampala, la capitale de l'Ouganda. Je passe la nuit déjà bien entamée à Kampala et le lendemain je rejoins en bus mon amie à Kabale, au Sud de Mbarara. Cela va prendre quelques heures, l'occasion de m'immerger dans cette Afrique que je connais encore si peu. Ensuite on va passer deux, trois jours calmes au Lake Bunyoni (pas sur la carte), histoire de se raconter toutes nos dernières vies et de planifier un peu plus l'itinéraire. J'ai déjà choisi une bouteille de rouge à enmener... Un rouge qui ressemble à celui qu'on buvait tout au long de cette mémorable nuit passée sur le ferry entre Stockholm et Talinn.

Pour le moment, l'itinéraire ressemble à ceci:

En Ouganda (environ 2 semaines):

Fort Portal comme base de départ
pour une petite expédition dans les Rwenzori Mountains

pour la visite du Kibale Forest National Park (schimpanzés)

pour la visite des Crater Lakes


Ensuite visite de Kampala et de Jinja
Rafting sur les sources du Nile (près de Jinja)

Bus de Kampala via Nairobi à Arusha

En Tanzanie (2 semaines)
Trekking Mt. Meru (4 jours)

Expédition dans la Serengeti et Ngorogoro Conversation Area


Bus de Arusha à Dar-Es-Salaam
Ferry pour Zanzibar...quelques jours de plage


Le 19 décember, avion de Dar à Kampala, et de Kampala à Bruxelles.

Voilà, vous savez où je serai...

(Quant à la Belgique, je commence à me faire des soucis. La dynamique n'est pas bonne du tout. Plus la crise dure, plus les fronts se durcissent. Le compromis à la belge reste introuvable.)

mercredi 14 novembre 2007

En vue de

Ce voyage m'aspire comme un trou noir. La dernière transcription est bouclée, mais je n'aurais pas retravaillé mon article. Tant pis, tout est en vue de partir, maintenant.
  • Faire hiberner les géraniums à la cave.
  • Etudier le mode d'emploi de mon appareil photo.
  • Chercher deux, trois bons bouquins pour les longs transports inconfortables. Des histoires liées à l'Afrique, de préférence... Je prends déjà "Cahier Nomade" du djiboutien Waberi... D'autres idées?
  • Jouer avec les chats en vue de tous ces jours sans moi (sans eux).
  • Chercher un hotel sympa pour la deuxième nuit, la première étant réservée. J'ai trouvé une compagne de voyage pour le transfert nocturne de Entebbe à Kampala. Vive Internet!
  • Préparer le test de Néerlandais pour ce soir et prévenir le prof de mon absence.
  • Recontacter mon amie de là-bas pour reparler encore de ce qu'on prend avec.
  • Enregistrer une copie conforme de l'Homme dans ma tête.
  • Commencer à faire mon sac.
  • Derniers coups de fils aux amis et famille.
  • Calmer mon coeur, entre la trouille et l'enthousiasme.
J'ai même préparé des "Stollen" de Noël qui seront délicieux à mon retour. Si ça, c'est pas rassurant...

(Photo de Bamako, Mali)

mardi 13 novembre 2007

Un jour pas comme les autres

28 ans, aujourd'hui. Ce n'est pas un jour comme les autres. Quoique, tous ces derniers jours ne sont pas comme les autres. Parce que ce sont des derniers jours justement, des jours de préparation. Je m'envole vendredi matin pour un mois.

Quelque part, un anniversaire, c'est un jour normal, mais en mieux (si tout va bien). Avec quelques jolies petites perles qui viennent illuminer le cours de la journée. Un paquet qui arrive par la poste, des petits mots et des coups de téléphone, des crêpes au petit-déjeuner. Un déjeuner-surprise dans mon resto favori.

Dimanche on avait déjà un peu fêté à Luxembourg. Je suis depuis l'heureuse propriétaire d'un appareil photo digital ! De nouvelles perspectives pour le blog.
..
comme vous pouvez le constater. J'expérimente le mode "manual". Moi qui suis si conservatrice en matière de technologies, j'ai cédé. Comme je finis par céder pour tous les gadgets, un peu plus tard que les autres...

Elle est toute fraîche, cette photo, alors que moi on m'appelle "Madame" dans les magasins, maintenant.

jeudi 8 novembre 2007

Transcrire

Dans tout travail, il y a des tâches pénibles. Dans ma recherche, ce sont les transcriptions.

Mot par mot, par mot, en précisant le silence et les rires, écrire ce qui a été dit ou sous-entendu parfois, dans un souffle.

Découvrir la stupidité de certaines de mes interventions, revivre la douleur dans laquelle se sont exprimées certaines choses. Reconnaître toutes les fois où j'aurais pu être plus pertinente, plus incisive ou à l'opposé, plus compatissante. Je doute que je serais une bonne thérapeute.

Le mouvement est circulaire, surtout quand la qualité de l'enregistrement est mauvaise. Je tiens une phrase, ensuite affluent que des mots, mais le sens est là, quelque part... Encore suspendu, alors que la prochaine question apparaît nette, je reviens donc au point de départ. Là, le sens, je le tiens. A force de tourner autour. Circonscrire pour transcrire. L'anglais nigérian prend alors des airs de famille. Mais certains mots resteront mystérieux.

Un entretien, c'est plein d'occasions ratées. C'est comme la vie, cela chemine avec le temps, vers une fin certaine. Il y en a que un, il pourrait y en avoir tant d'autres.

mercredi 7 novembre 2007

Ce qui a changé...

Je pense que c'était un bon moment pour arrêter, malgré la violence qui s'est dégagée de la rupture. Je m'en sors plutôt bien, et je m'obstine à penser que le processus était important, et partiellement fructueux.

Mais quel soulagement d'arrêter de creuser, de disséquer, de recracher. Laisser opérer le refoulement qui transforme mon âme en mer d'huile. C'était instantané, d'ailleurs, ce retour au calme.

A travers l'analyse, j'ai fait un inventaire de mes démons personnels. Comme un philosophe taxidermiste j'ai organisé ces bêtes en un zoo plutôt farfelu. Face à certaines de ces créatures, j'ai réussi à soutenir brièvement un regard injecté de sang. Avec d'autres, supporter l'odeur était un défi suffisant. Avec d'autres encore, j'ai osé effleurer une peau rugueuse, urticante. Mais à en juger des grognements que je peux percevoir, parfois, à certaines heures, je n'ai pas tout exploré, et encore rien ordonné. Dans d'autres recoins de mon âme subsistent des démons non classifiés, peut-être non classifiables.

Ce post a d'ailleurs failli s'appeler : Ce qui reste... Pas que ce soit la même chose, mais cela se rejoint ici. Tout a changé et rien n'a changé. (N'y a-t-il pas une chanson comme ça?)

Je crois que c'est cela, l'identité : du mouvement mélangé à du dur. Parfois des glissements peuvent suffire pour accroître un espace de liberté. Ceci dit, mon dos va vraiment mieux. Et j'ai envie de croire que le corps est incapable de mentir.

(Encore une photo de la série Gervanne, Drôme. Vous avez vu, l'ombre de cet insecte ressemble à du design des années 60-70?!)

vendredi 2 novembre 2007

Un événement

Un homme a poussé un drôle de cri, dans le train Liège-Luxembourg. Peu de gens voyageaient à l'heure de midi. Il était seul, mais il sonnait comme s'il se battait contre quelqu'un. Comme si quelqu'un d'autre, à l'intérieur de lui, prenait les commandes de son corps et de son âme. C'était un son violent. J'étais fascinée.

Quand j'ai vu ses bras se raidir et son corps partir par terre, je me suis intérieurement giflée pour faire revenir celle qui agit en adulte responsable. "Il faut que tu l'aides. S'il meurt, cela t'empêchera de vivre." L'ultime argument pour s'arracher à la fascination malsaine. J'accours et je découvre que plus près de lui, un autre homme est absorbé par le spectacle. A deux, nous le tenons alors tout au long des secousses et des gémissements qui traversent son corps.

Quand son absence commence à ressembler à un chagrin plutôt qu'à un combat, je vais chercher le contrôleur qui appelle une ambulance. Une dizaine de minutes plus tard, l'homme reprend conscience. Il ne se souvient de rien. Il se demande ce que nous lui voulons précisément. Il nous confirmera ensuite qu'il est épileptique. Il se rendait à Luxembourg, où il avait rendez-vous avec son banquier. Les ambulanciers insistent sur ce point, un contrôle médical s'impose, il ne peut pas continuer son voyage.

(Je travaille beaucoup sur le récit ces derniers temps, sur ce qui le définit, sa structure et sa texture. La notion d'événement revient tout le temps. Mais c'est quoi un événement? A partir de quand avons-nous à faire à un événement? Prendre le petit-déjeuner est une action, est-ce vraiment un événement? Là, je suis sûre, j'ai raconté un événement!)

(Photo: Baignade dans la Gévanne, en Drôme)