mardi 30 octobre 2007

Inversion de la tendance

J'ai l'impression de glisser sur une ligne droite vers de beaux horizons sans fin, et puis, tout à coup, un événement, qui coupe.
Robert est mort. Robert, l'âme du quartier, le vieux qui était toujours là, à manifester, à organiser les fêtes, à pester contre les autorités, à réparer les vélos des enfants du quartier. Je suis à chaque fois surprise en apprenant la mort de quelqu'un, comme si c'était un accident de parcours extraordinaire. Suit alors une rapide vérifaction de l'âge, comme un réflexe rassurant, "Il avait quel âge?" Ben, Robert n'était pas si vieux, dans les 60. Et il me saluait toujours quand je passais en vélo devant chez lui.

C'était hier. Et depuis, l'allégresse des derniers jours s'est évanouie. L'horizon s'est obscurci, bouché même. Effets de l'inconscient, comme dirait quelqu'un qui est mort (pour moi).

Dans les dix jours à venir, je dois boucler ma recherche, mais je vois des obstacles partout. C'était ma première pensée aujourd'hui en me réveillant: je n'y arriverai pas. En fait, j'en ai pas envie. Ce qui est pire.

(Photo : L'Eglise St. Foy, dans le Quartier Saint-Léonard)

dimanche 28 octobre 2007

Absence à venir

Face à mon départ prochain pour l'Afrique, le quotidien prend des reflets dorés. Je savoure les jours comme si c'étaient les derniers, en flottant béatement à leur surface.

(Photo: Le sable noir des volcans)

mardi 23 octobre 2007

Cinéma et vie

Après celui-ci (littéralement "Contre le mur"), film coup de poing sur l'amour, d'une beauté inouïe, c'était difficile de faire mieux. Et pourtant...

Faut dire qu'il s'est bien débrouillé, Fatih Akin. Car "Auf der anderen Seite" ("De l'autre côté") est encore un superbe film. C'est plus en douceur, l'émotion est moins concentrée, mais pas moins intense. Elle se répartit ici sur 6 personnages, trois couples parent-enfant, turcs et allemands, que la mort va partager et que la vie va balader, entre l'Allemagne et la Turquie.

Moi je continue à me balader entre Liège et Luxembourg. Pour des entretiens de recherche, toujours, que je vis entre le plaisir et la douleur. Le plaisir de rencontrer des personnes, et la douleur de recevoir sans pouvoir donner, sans retourner vraiment. Heureusement que le groupe de réflexion sur la santé mentale des exilés au Luxembourg existe, c'est ma contrepartie et ma ressource. (Peut-être allons-nous participer à un appel à projets pour des fonds... Vivement du travail clinique!) Ce post dit si bien ce sentiment de redevance voire de dette du chercheur en sciences humaines. Je ne peux traîter l'humain comme objet (de science), sans que je ne me sente comme traître pour l'homme.

Parfois j'envie ceux qui font un travail créatif, sans être sous la tutelle de la science, ceux qui comme Fatih Akin font des merveilles de film, capables de dire plus sur la vie que toutes les sciences réunies. Parce qu'ils ne cherchent pas à la maîtriser.

vendredi 19 octobre 2007

Le fou de la princesse


Il n'y pas que les bottes dans la vie. Je vous avais aussi promis le chapeau que j'ai porté pour répondre à la maxime de ce mariage. L'invitation disait (aux filles): "Faites de votre tête une fête champêtre!"

Et moi, une fête champêtre à moi toute seule. Il porte bien son nom, "le fou".

Non, ce post n'est pas destiné à vous décourager de vous marier, hein les filles! Si vous le souhaitez, je pourrai m'abstenir à votre honneur, même si j'avoue que j'y ai pris goût, au déguisement de princesse fofolle...

mercredi 17 octobre 2007

La revanche bottée

Par moments, je pense encore que c'est bizarre de tenir un blog. Et je me demande ce que j'y cherche précisément, à part la célébrité bien sûr.
Le blog est une espèce d'excroissance de ma psychanalyse. J'ai commencé au moment où j'émergeais de la florissante maladie psychosomatique que j'avais développée dans le cadre du travail analytique. C'était une manière de donner une vitrine à mon vécu, de présenter une partie de l'iceberg à une partie tierce. Déjà une façon d'ouvrir l'espace claustrophique de la relation "duale" qui s'est avérée "duelle" par la suite.

Aujourd'hui, le cordon est déchiré.

Le blog est toujours là.

Et avec l'argent de la relation épargné(e), je me suis acheté ces superbes bottes. (Hein, elles sont jolies, non? La photo ne les montre pas sous leur meilleur jour, elles sont vertes en réalité. L'Homme trouvait que c'était "style liégeois" ce qui peut difficilement être mépris pour un compliment...)

Une ultime revanche qui signale qu'au lieu de me faire du mal avec quelqu'un qui ne sait m'écouter, je me fais du bien de la manière la plus bête qui soit.

lundi 15 octobre 2007

Le corps bleu et l'âme blanche

C'est l'Homme qui l'a découverte, il y a deux jours. Il avait l'air songeur en regardant le tableau. Je lui ai posé LA question: A quoi tu penses? Il me l'a dit.

Pourtant, cela fait un an et demi que le Nu Bleu I trône dans notre chambre. Je n'avais jamais remarqué que le blanc du tableau représente une Madone. Maintenant je ne vois plus que ça. A force d'y regarder, je trouve même que la Madone ressemble à un énorme spermatozoïde, à l'intérieur du Nu. Franchement, c'est mieux qu'un Rorschach pour titiller l'inconscient.

Et Matisse, il a fait exprès? Il travaillait à partir de quel degré de conscience, avec ses papiers coloriés et découpés?

(Très art, ce weekend. On a visité quelques ateliers d'artistes du quartier, ouverts au public dans le cadre d'"Itinéraires d'artistes". J'étais fascinée par les superbes espaces qui s'ouvrent derrière des portes quelconques et où oeuvrent toutes sortes de personnes. C'est donc vrai, il y a pas mal d'artistes dans le quartier.)

vendredi 12 octobre 2007

Du bleu








Cherchez l'Homme, visiteur de la Sicile!
(Ceci est une spéciale dédicace à toutes les personnes qui terminent des thèses, et qui sont pour le moment clouées à leur ordi.)

mercredi 10 octobre 2007

La banane politique


La banane du commerce équitable a 10 ans en Belgique (6% du marché). Je lui souhaite longue vie, car elle m'est fort sympathique. Non seulement améliore-t-elle la vie des petits producteurs, mais étant souvent bio, elle réduit aussi l'impact sur l'environnement. Je pense que c'est elle qui m'a donné envie de remanger des bananes. Elle est vraiment délicieuse.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la banane fair trade et compagnie dégage une luminosité toute particulière dans les rayons de supermarché d'où elle nous guette. Ces produits ont une espèce d'auréole qui me donne envie de les placer dans mon caddie. Peut-être qu'elle se transmettra à moi?

Presque enivrant, le pouvoir politique qui s'en dégage, c'est comme voter au passage des caisses! Chaque produit scanné, une déclaration politique. Madame prend 300g de bananes, variété famille équatorienne mieux nourrie. De la lessive bio qui fait revenir les saumons dans la Meuse, une majorité de fruits et légumes bio pour moins de nitrates dans l'eau potable, du papier Q recyclé pour épargner les ressources naturelles, du café fair trade qui permet à une famille du Kenya d'envoyer ses filles à l'école... Plus jamais les chiquita vont franchir le pas de ma porte. Et gare à Monsanto! (Bon d'accord, je connais pas tous mes ennemis...)

C'est étrange que je me sens plus influente en faisant les courses qu'en votant. Et puis non, c'est évident dans un monde où l'économie est au centre de tout.
Pouvoir d'achat.
Qui a, je le concède volontiers, des limites en termes d'impact. Et qui peut être un leurre facile et rassurant alors que la politique du monde mondialisé est d'une complexité inédite.

mardi 9 octobre 2007

Souvenirs, souvenirs (déjà)






Je me souviens des bonds qu' a fait mon coeur en roulant sous le soleil.

Je me souviens de l'odeur de notre gîte pareille à toutes nos locations italiennes.
Je me souviens de nos corps dans l'eau.

Je me souviens d'avoir adoré l'architecture baroque.
Je me souviens des plages de sable noir.
Je me souviens de la programmation radio italo-italienne.

Je me souviens de notre impression d'arriver sur une île des Caraïbes (à Salina).

Je me souviens de l'odeur des épiceries italiennes.
Je me souviens des gelati au chocolat qui fuyent à grosses gouttes sous le soleil.
Je me souviens comment je m'accroche à l'Homme sur le scooter.

Je me souviens de l'Etna, premier contact avec la Sicile à travers la vitre de l'avion.

Je me souviens de nos petits-déjeuners face à la mer.

Je me souviens de ma joie de me retrouver ailleurs, avec lui.

Je ne me souviens pas de tous les lézards aperçus.

lundi 8 octobre 2007

Bonnes résolutions de rentrée


  • Retrouver un rythme de travail à la place d'un rythme de plaisirs.
  • Reprendre la course à pied minimum deux fois par semaine. (Motivation: trekking africain en vue...le Mt. Meru me taquine (4566m), le Kilimandjaro c'est pas pour cette fois)
  • Arrêter de ruminer la fin de mon analyse. (Bon, je vais encore consulter l'une ou l'autre personne sur le sujet, mais après c'est basta! Comme disait un ami, je suis mal tombée, c'est tout.)
  • Faire vraiment gaffe avec l'alcool. (Soirée sympa samedi, visite des coteaux de la citadelle illuminés, cinq verres d'alcool. Résultat: mal de tête et nausées le dimanche. Je dois retenir une fois pour toutes que je ne tiens pas l'alcool!)
  • Manger des quantités normales. (Fini les repas style Italie baroque)
C'est vrai ça n'a pas l'air très drôle comme ça, mais cela tient plus d'une philospohie de vie épicurienne (éviter des souffrances futures) que de l'ascèse excessive ou de l'autopunition. Et vous, c'est quoi vos recettes pour une bonne hygiène de vie?

(Photo: soirée vins entre filles à Berlin, en 2004)

vendredi 5 octobre 2007

Retour

J'aime vider mes sacs en arrivant, j'aime tout de suite commencer à ranger mes affaires, à laver le linge, à lire les emails, à trier le courrier. C'est bon de faire toutes ces petites choses, c'est la vraie vie, la mienne, qui me reprend en m'évitant le vide de la fin des vacances.

J'achève cette agréable période pour que puisse commencer la deuxième vie des vacances, celle des souvenirs, des récits, des photos. Mais sans photos, là tout de suite, je n'ai pas envie de mettre en mots ces 8 jours délicieux...ça viendra un peu plus tard.

La mauvaise suprise en rentrant, c'est que nos chats sont devenus énormes, à force de s'ennuyer. Ou est-ce notre regard qui s'est habitué à la maigreur des chats siciliens? Nous aussi par ailleurs, nous avons pris de l'amplitude grâce aux antipasti, primi piatti et secondi piatti...
La bonne surprise, c'est que le ciel est aussi bleu ici que là-bas, une dizaine de degrés en moins. Liège est belle, vous n'en avez pas idée! J'ai retrouvé mon vélo, et bonheur ultime, j'ai dépassé avec, une Ferrari dans le quartier. J'aime rentrer.


(Photo: Liège au printemps, belle aussi)