vendredi 30 mars 2007

Mes collègues de travail


"Faire une thèse" est un travail solitaire. Surtout dans mon cas, habitant à plus de 100km de l'Université et de mon promoteur, sans rattachement réel à un laboratoire de recherche. Je dis donc souvent que les chattes sont mes seuls collègues de travail. Ces collègues de bureau viennent se frotter contre moi ; la plus jeune s'étend même très souvent sur mon bureau pour que je lui caresse la nuque...m'empêchant de voir l'écran ou de taper sur mon clavier. Mais elles sont singulièrement muettes. Parfois, lorsqu'elles observent les pigeons, des drôles de petits bruits sortent de leurs bouches.


A moi de me trouver et d'entretenir les personnes-ressources qui me permettent de continuer ce travail de recherche, motivée et inspirée. Je n'ai jamais été autant consciente de l'importance des liens, des contacts, du travail en réseaux... Trouver les personnes qui s'intéressent à ce que je fais, que je peux consulter ou conseiller (mais surtout consulter pour le moment!). Je bâtis lentement ma toile d'araignée.


Internet (quelle toile justement!) est une merveille pour ça... on pourrait m'enlever mon gsm, la télé unichaîne qu'on a, le téléphone, pourvu que Internet fonctionne! Au-delà de contacts "professionels", Internet me permet de me sentir en lien avec les gens, et ce blog s'inscrit aussi dans cette perspective, c'est certain.

jeudi 29 mars 2007

De l'héroïne

A Liège, le programme pour la distribution contrôlée de héroïne va bientôt être lancé. La ville compte 4000 toxicomanes (c'est-à-dire 4000 personnes dépendantes de drogues dures!) sur une population totale d'un peu moins de 200.000 habitants. C'est considérable.

La proximité de Maastricht (moins de 20 min en voiture) y serait pour quelque chose. Et malgré un paysage associatif étoffé et performant, on semble être face à une réalité sociale profondément inaltérable. Quoi qu'on fasse, il y a de nouveaux toxicomanes tous les jours. Et les vieux ne s'en sortent pas forcément.

Travaillant comme bénévole dans le secteur, le changement de stratégie me semble donc légitime. S'adressant qu'aux personnes irrécupérables (ayant un minimum de 5 ans de "carrière"), il poursuit principalement deux objectifs:
  • Protéger avant tout (il ne faut pas se leurrer, hein) la société de ces incorrigibles. Leur administrer leur drogue, c'est les contrôler et les empêcher de se la procurer par des voies criminelles.
  • Empêcher ces mêmes incorrigibles de franchir le dernier pas dans leur descente aux enfers. Leur sauvegarder un minimum de dignité et de possibilités d'intégration sociale. Les reconnaître comme existant au lieu de les déclarer comme illégaux.
C'est marrant, dans ma série fétiche du moment, The Wire, qui est vraiment géniale, (complexe, intelligente, on dirait du bon documentaire!) la police de Baltimore a décidé de regrouper tous les dealers d'un quartier dans une zone géographique bien précise, où la vente de drogues dures est du coup tolérée. Stratégie alternative, justement. Là aussi je suis curieuse de savoir ce que ça va donner...




mardi 27 mars 2007

Les oublis


Ces derniers temps, j'accumule les oublis. Pas les petits oublis mignons et rattrappables, non les oublis qui sabotent, ceux qui font chanceler le sens d'une journée.
  • Je prends le train pour Bruxelles où j'ai un rendez-vous important avec des profs. Dans le train je me rends compte que je suis sans portefeuille, ni argent, ni rien du tout. (Un ange aux cheveux et aux yeux noirs m'a secourue ce jour-là, merci encore.)
  • On part en weekend aux Pays-Bas. J'insiste pour prendre les vélos avec. A l'arrivée, on constate que le mien est cadenassé et que la clef est restée à la maison.
  • Tôt le matin je me rends à l'Hôpital de la Citadelle pour des examens médicaux. Face à la file d'attente au guichet, je sais tout à coup que j'ai oublié l'ordonnance.
C'est la pente raide du temps qui apparaît à travers l'oubli, dévoilant l'instant d'avant comme irrémédiablement révolu. Sans parler de la pente raide de l'inconscient, bien sûr.

(Mais je n'oublie pas qu'aujourd'hui c'est l'anniversaire de deux personnes bien aimées!)

lundi 26 mars 2007

Le retour du Soleil


On approche les 20 degrés aujourd'hui dans la Cité Ardente!
Je suis réellement tentée de sortir les géraniums de la cave, qu'elles profitent elles aussi de ce temps radieux... Mais bon, il a neigé il y a quelques jours, il vaudrait peut-être mieux attendre. Quand je sens pointer l'été, je suis très impatiente. Enfant je me suis déjà baignée à Pâques dans l'Our, juste parce qu'il y avait un rayon de soleil.

Avec le soleil revient l'envie de glace, les tâches de rousseur, les feuilles et les fleurs, une capacité accrue de glander (donc des problèmes accrus de concentration et de discipline), les pics d'ozone, les après-midi passées au lac de Bütgenbach, la tentation de mettre une petite robe, les verres en terrasse, les soirées passées avec l'Homme à manger dehors, dans ces 4m2 que nous appelons le jardin (puisqu'il y a un nain, ça doit bien être un jardin?!).

Vous pensez à autre chose qu'amène le soleil aux visages ternes?

dimanche 25 mars 2007

Une journée passée à glander


Glander est un grand art que peu de gens maîtrisent vraiment dans la durée. C'est le contraire de
  • accomplir un programme d'activités structuré et constructif
  • organiser le temps
  • être efficace
  • bouger
Attention, se reposer après une journée de travail n'est pas glander! Glander, c'est une activité en soi qui s'étire, en absence d'obligations, sur un temps indéterminé.

Moi-même je suis très peu douée pour cet art, probablement aussi peu que pour la musique ou les mathématiques.

Ce n'est que parfois, dans certaines circonstances que je peux m'en approcher, et me l'approprier (un petit peu), ce joli mot. Par exemple, lorsqu'il fait 30 degrés et que l'humidité de l'air est maximale. Ou alors le lendemain d'une fête, avec le manque de sommeil et le trop d'alcool, il m'arrive de glander toute une journée. Ou quand je suis malade.
Aujourd'hui, il y a un peu des deux dans l'air, une petite bronchite et un lendemain de fête (sage tout de même).

Et vous savez quoi? J'ai passé mon dimanche à glander! J'ai longuement téléphoné, et cela sans planification préalable, j'ai somnolé en regardant les rayons de soleil sur le parquet, j'ai pris quand même une douche, j'ai pas fait grand chose.

Ce n'est bien sûr pas une raison de crier victoire. Car le plus difficile, c'est de glander et de se sentir réellement bien dans cette situation, et c'est là que je continue à rencontrer d'énormes difficultés... Je ne peux pas m'empêcher de regretter de ne pas faire certaines choses quand je ne fais rien (de constructif). L'Homme et les chats ont plusieurs longueurs d'avance sur moi, mais je ne désespère pas, ils vont finir par me transmettre cet art précieux.

Et vous, êtes-vous des glandeurs heureux ?

(Photo: Ah, les vacances, un véritable camp d'entraînement pour glandeurs!)


mercredi 21 mars 2007

Respect de la vie privée2


J'ai cru comprendre que les chattes ne sont pas si pudiques que ça, après tout... J'ose donc montrer leurs têtes aujourd'hui! (De derrière d'abord, on ne sait jamais...)

J'avoue que j'ai très envie de faire plaisir à leur plus grand fan, qui, à plusieurs centaines de kilomètres d'ici, attend avec impatience de nouveaux clichés des monstres.

(Quant à moi, je pars aujourd'hui pour deux jours à Luxembourg, délaissant Homme et chats)

mardi 20 mars 2007

Un blog, une psychanalyse, une thèse


Tous ces projets tout à coup en train de se réaliser parallèlement. Des tentatives de construction de sens.
Sens au passé, sens à l'avenir.

  • Sur le blog, de manière ludique, en associant des images du passé aux paroles du présent.
  • En psychanalyse, par la déconstruction douloureuse.
  • Dans le travail de la thèse, par l'analyse et la réflexion sur les constructions de sens d'autrui, dans cette situation de rupture qu'est l'exil.
Mais ces projets sont concurrents dans la mesure où mon temps est limité, et qu'à cette heure-ci je suis censée m'adonner à point numéro trois, plutôt qu'à point numéro un...

lundi 19 mars 2007

Pourquoi j'aime les villes


  • C'est une question de densité... j'aime la cohabitation de l'hétérogène, que ce soient de gens, de genres architecturaux, de paysages.
  • La densité implique de son côté le mouvement. Comme la rivière, la ville n'est jamais exactement la même, d'un jour à l'autre. Elle est lourde de trajectoires distinctes qui peuvent à tout moment se croiser, créant ainsi un certaine tension, palpable dans chaque ville digne de ce nom.
  • Il y a donc des surprises. Et toujours des choses à découvrir...
  • La ville est propice à l'écologie, on peut y délaisser la voiture au profit du vélo ou des transports en commun. La maison mitoyenne consomme moins d'énergie que la villa quatre façades...
  • Et puis, ce n'est qu'à la ville qu'on peut céder à une envie soudaine de cinéma. 7 minutes de vélo et j'y suis!

Malheureusement, il y a la pollution de l'air. Mais on peut toujours rêver d'une ville fermée aux voitures...

Peut-être que demain je vous parle de mon amour pour les prés verdoyants, les forêts denses et les plaines vides.

(Photo: Paris, 15e)

samedi 17 mars 2007

Respect de la vie privée

Ah que c'est difficile de résister à l'envie de mettre des images de gens sur le blog! Après tout, c'est le sujet le plus fréquent des photos qui s'entassent dans ma boîte à chaussures...
Du coup, même les chattes, j'ose pas montrer leurs têtes, qui sait, peut-être que ça les dérange elles aussi...

jeudi 15 mars 2007

Chez le coiffeur


Aujourd'hui je suis allée chez le coiffeur.
J'aime rarement, entre le suspense de se retrouver avec la mauvaise coupe et l'obligation de converser allègrement sur le nouvel amant de Madonna, c'est pas trop pour moi.
Mais aujourd'hui c'était chouette. On a parlé politique...enfin je croyais:

Elle: "Lepen ne passe pas!"
Moi: "J'aimerais bien que vous ayez raison!"
Elle: "Non, je vous assure, le peigne ne passe pas ici, vos cheveux sont bien trop denses!"
Moi: "Ah."

Elle l'a affirmé avec un naturel parfait, tellement sûre d'elle, une coiffeuse voyante...j'avais envie de la croire.

Quant à la coupe, on a bien rigolé, couper toujours plus court, mèche ou frange? Finalement j'ai osé les deux, l'assymétrie. C'est un peu la coupe pour celle qui est incapable de choisir, la coupe mi-figue, mi-raisin. Ou de celle qui part au milieu du travail parce qu'elle ne peut pas supporter toutes ces révélations sur les adoptions de Madonna. Enfin, vous verrez, et vous me direz.

(Photo: Amsterdam...à l'époque où j'avais les cheveux teints en noir et qu'une coiffeuse-amie me les coupait)

mardi 13 mars 2007

construction-déconstruction


Weekend passé, vers 4h du matin, dans l'air saturé d'une boîte de nuit bruxelloise, j'ai dit à quelqu'un que j'habite Liège. La réaction était classique, les adjectifs employés peu flatteurs: sale, pauvre, déprimée, déprimante... Cet avis si clair, si honnête m'a dérangée, et, je l'avoue, m'a rendu son auteur un peu moins sympathique. J'avais tout à coup envie de rentrer.

Qu'est-ce qui s'était passé? Une identification massive et soudaine à cette ville que je trouvais il y a peu de temps moi-même sale, pauvre, déprimée et déprimante? On dirait... alors que ça ne fait pas encore un an qu'on a emménagé ici. Je me fais liégeoise dans ma tête, attendez les changements vestimentaires! (autre préjugé, plutôt marrant celui-là)


Car finalement, je me rends compte que les évidences sont choquantes lorsque l'on a commencé à les déconstruire...

(Photo: Bruxelles)

lundi 12 mars 2007

Le temps qui passe...

"Qu'est-ce que le temps passe vite!" Cette phrase je l'entends souvent dans des conversations avec des amis. Quelle banalité quand même! Mais je ne pense pas qu'elle soit prononcée comme ça, à défaut d'autre chose, comme on parle de l'autre temps, celui qui est beau ou moins beau et dont on dit surtout qu'il est trop chaud aujourd'hui.

Ce n'est pas une banalité-esquive. Non, cette phrase est prononcée et répétée comme un mantra, face à une réalité inchangeable. Elle dénonce le scandal de n'avoir qu'une seule vie et d'avoir déjà grignoté une belle part du gateau. C'est peut-être une banalité, mais une banalité-vérité-douloureuse.


Pour moi aussi, le temps passe vite, déjà à nouveau le printemps! Tenir un blog, c'est l'occasion de fixer des éclats du présent et de raviver des tableaux du passé. Mettre du temps en boîte et dépasser l'espace qui me sépare des amis et de la famille éparpillés à travers l'Europe. Temps et espace, comme si une thèse ne suffisait pas, sur le sujet...

(Photo: Maroc)